Veuf - Jean-Louis Fournier

Publié le par Plume

Edition : Stock

Parution : Octobre 2011 (janvier 2013 pour Le Livre de Poche)

 

« Je suis veuf, Sylvie est morte le 12 novembre, c’est bien triste, cette année on n’ira pas faire les soldes ensemble. Elle est partie discrètement sur la pointe des pieds, en faisant un entrechat et le bruit que fait le bonheur en partant. Sylvie m’a quitté, mais pas pour un autre. Elle est tombée délicatement avec les feuilles. On discutait de la couleur du bec d’un oiseau qui traversait la rivière. On n’était pas d’accord, je lui ai dit tu ne peux pas le voir, tu n’as pas tes lunettes, elle ne voulait pas les mettre par coquetterie, elle m’a répondu je vois très bien de loin, et elle s’est tue, définitivement. 
J’ai eu beaucoup de chance de la rencontrer, elle m’a porté à bout de bras, toujours avec le sourire. C’était la rencontre entre une optimiste et un pessimiste, une altruiste et un égoïste. On était complémentaires, j’avais les défauts, elle avait les qualités. Elle m’a supporté quarante ans avec le sourire, moi que je ne souhaite à personne. Elle n’aimait pas parler d’elle, encore moins qu’on en dise du bien. Je vais en profiter, maintenant qu’elle est partie. »

Jean-Louis Fournier souhaitait mourir le premier, il a perdu. Sa femme partie, il n’a plus personne avec qui parler de lui. Alors pour se consoler, ou pour se venger, en nous parlant d’elle, il nous parle de lui.

 

 

Jean-Louis Fournier à l’art de traiter les sujets difficiles avec une plume empreinte d’humour. C’est la seule façon qu’il connaisse pour continuer à vivre malgré les aléas de la vie. Dans ce titre il évoque le décès de sa femme et c’est avec pudeur que le lecteur apprend à connaître l’un et l’autre.

Le livre est touchant et juste, grâce à ses traits d’esprit le récit n’est pas larmoyant même si l’on sent l’immense douleur de celui qui est désormais seul et désemparé de n’être pas parti le premier. Un rappel que chaque couple se pose à un instant de la vie, c’est inévitable.

Il se dégage également une grande tendresse dans l’évocation des qualités et des petits travers de Catherine.

Si le thème n’est pas gai il est terriblement humain et terre à terre, ce livre lu en quelques heures est à savourer car il est délicat dans l’évocation de l’être aimé et de l’amour au quotidien ; dans les questions que l’on se pose. C’est aussi une injonction à capter les bons moments, à les déguster quand c’est encore possible.

 

A découvrir du même auteur sur ce blog  : "Poète et paysan"

 

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Publié dans Lectures

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Y
J'ai apprécié le livre sur son fils mais je ne suis pas sûre d'avoir envie de continuer avec sa femme...
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S
Cela fait longtemps que je me dis que je dois lire ce livre. Merci
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P
Tu verras, c'est vite lu ;-) !