Quand la nuit - Cristina Comencini
Edition : Grasset
Parution : Mars 2011
Marina se sent abandonnée, dort peu et s’en veut de ne pas être la mère parfaite qu’elle rêverait d’être. Un été, elle décide de partir seule en vacances avec son fils de deux ans, dans un petit village reculé des Alpes, à la frontière autrichienne. Son mari ne la rejoindra que plus tard. Elle loue le premier étage de la maison d’un montagnard, Manfred, homme sauvage et taciturne qui a grandi dans un refuge. Ses deux frères et lui ont été élevés à la dure par leur père, car leur mère, n’en pouvant plus de cette vie morne et silencieuse, s’est enfuie avec un Américain de passage. Manfred, plus encore que ses frères, marqué par l’absence maternelle, incapable du moindre geste de tendresse, voue aux femmes une haine profonde, et Marina va très vite attiser son animosité et ses frustrations. Lorsqu’un soir l’enfant est blessé, Manfred se met sur la piste d’une vérité inavouable, qui révélera bientôt sa propre part d’ombre…
Marina est une jeune maman un peu perdue, la maternité, ce n’est pas forcément ce que l’on en dit : qui coule de source, merveilleux, épanouissant…surtout quand l’enfant pleure sans raison, pour ne pas dire hurle.
Nuits sans sommeil, jours sans presque de repos…
Son couple traverse une crise et elle a vraiment l’impression d’être jugée par sa mère, ses sœurs qui se sont épanouies dans leurs rôles de mères, d’épouses en le faisant avec perfection.
Le pédiatre a conseillé la montagne, alors Marina a décidé de s’y rendre, seule avec son enfant de deux ans, pour prouver à la terre entière et à elle–même, qu’elle en est capable.
Une chose est sûre, Marina aime son fils, mais elle est maladroite, pas sûre d’elle et elle est épuisée.
Dans le village, elle loue un appartement à un montagnard taiseux et rustre, Manfred, qui vit seul juste au-dessous.
Manfred est guide, il vit seul séparé de sa femme et de ses enfants. Il a eu une jeunesse très rude qu’il a interprétée et codifiée avec ses yeux et son cœur d’enfant. Il s’est forgé une carapace qu’il met en avant avec fierté et orgueil.
Les circonstances feront que ces deux êtres vont se rapprocher pour mieux se repousser avant de revenir, dans un ballet dont eux seuls possèdent les codes.
Parce qu’ils ont perçu chez l’autre la faille, la même pour l’un et l’autre, qui fait qu’ils se connaissent parfaitement, profondément, sans même avoir à en débattre.
Un roman subtil sur la difficulté d’aimer (un homme, une femme ou un enfant) et de s’accepter, surtout quand on prend conscience de ses failles.
Entre la fragile Marina et le rustre Manfred, il existe un amour impossible, aux sentiments forts, que l’auteur décrit avec subtilité.
J’ai lu ce roman dans le cadre du challenge « Un mot, des titres » lancé par Calypso.