Nagasaki - Eric Faye
Editeur : Stock
Parution le : 18 Août 2010
Un simple fait divers dans un quotidien du matin à Nagasaki.
Tout commence par des disparitions, en effet, des déplacements d’objets.
Shimura-san vit seul dans une maison silencieuse qui fait face aux chantiers navals de Nagasaki. C’est un homme
ordinaire, qui rejoint chaque matin la station météorologique de la ville en maudissant le chant des cigales, déjeune seul et rentre tôt dans une retraite qui n’a pas d’odeur, sauf celle de
l’ordre et de la mesure.
Depuis quelque temps déjà, il répertorie scrupuleusement les niveaux
et les quantités de nourriture stockée dans chaque placard de sa cuisine. Dans ce monde contre lequel l’imprévu ne pouvait rien, un bouleversement s’est produit.
Devant l’écran de son ordinateur et grâce à sa caméra, Shimura-san finit par apercevoir l’intruse. Il y a bien quelqu’un
chez lui. Il a vu son profil. Il l’observe. Il attend d’être sûr. Est-ce une hallucination, un fantôme de ses échecs sentimentaux passés, une amante amère et revancharde ? Il finit par appeler la
police. L’invitée est embarquée et mise en cellule.
On apprendra par les agents en charge de
l’enquête et lors du jugement que cette femme à peine plus âgée que son hôte avait trouvé refuge chez lui au cours de son errance. Il partait sans fermer à clé, seule concession à sa maîtrise. On
lira qu’elle aimait sentir sur sa peau le rai de lumière qui traversait la pièce l’après-midi et l’odeur des draps propres dans l’armoire qui lui servait de chambre. Tel un animal, cette femme
sans passé sentait la menace, détectait le bruit des pas et bondissait se cacher, à l’abri du danger. Elle ne voulait rien de plus qu’être là, sans déranger. Elle aussi était seule.
On apprendra bien d’autres choses encore ; sur la mémoire des lieux et la mémoire tout court, dans une
lettre finale que la « clandestine » adressera au maître des lieux, désertés.
· Grand Prix du Roman de l'Académie Française 2010
Mon impression générale :
Les : Ce
court roman est au départ une histoire vraie et cela m'a plu. La spirale de vie d'une femme qui a perdu son travail et se retrouve à la rue, c'est l'actualité quasi quotidienne. La vie solitaire
d'un homme qui ne rajeunit pas et se pose bien des questions sur l'âge qui avance, la solitude et le quotidien monotone et routinier, c'est là encore, un thème moderne.
Servit par une belle écriture, ce livre se lit facilement, les pages se tournent parce que l'auteur sait ménager un certain suspense.
Les : Je suis
restée sur ma faim...la lettre de la "clandestine", dans les dernières pages,dévoile tant d'autres choses que j'aurais aimé voir l'auteur approfondir et me mener dans les méandres
psychologiques de ses personnages, voire même sur le chemin de l'Histoire qu'il ne fait que suggérer dans les quelques dernières lignes du roman.