Les souvenirs - David Foenkinos
Edition: Gallimard
Parution : Août 2011
« Je voulais dire à mon grand-père que je l’aimais, mais je n’y suis pas parvenu. J’ai si
souvent été en retard sur les mots que j’aurais voulu dire. Je ne pourrai jamais faire marche arrière vers cette tendresse. Sauf peut-être avec l’écrit, maintenant. Je peux le lui dire, là.
»
David Foenkinos nous offre ici une méditation sensible sur la vieillesse et les maisons de retraite, la difficulté de
comprendre ses parents, l’amour conjugal, le désir de créer et la beauté du hasard, au fil d’une histoire simple racontée avec délicatesse, humour, et un art maîtrisé des formules singulières ou
poétiques.
Sous l’écriture fluide d’apparence légère de Foenkinos se trouve une profondeur sur la vie.
Sans mélodrame, avec un humour délicat et beaucoup d’émotion, il pose un regard affectueux, tendre, parsemé d’une douce ironie, de mélancolie et d’humour sur cette vieillesse qui nous attend tous.
Il possède l’art de dédramatiser et de déculpabiliser au lieu de stigmatiser les comportements.
"Au fil des visites, j'avais pris l'habitude de regarder les pensionnaires. De vraiment les regarder.
...Je ne pensais qu'à une chose : ils avaient eu mon âge un jour. Et un jour, j'aurais leur âge.
Ici je marchais à travers qui je serais."
D’une sensibilité à fleur de peau, il dit la peur de la dépendance, de la fin de vie. La peur également d’être passé à côté de l’essentiel après avoir compris « …la vacuité de la grande majorité des relations humaines tissées au cours d’une vie professionnelle. »
Se voir vieillir, voir ses proches vieillir avant vous et les perdre, laisser ainsi la place à ceux qui suivent. Aux souvenirs s’attachent des gens, des êtres aimés.
De construction originale, le roman alterne la vie passée et présente du narrateur avec des souvenirs de vie de gens connus ainsi que ceux d’autres protagonistes de l’histoire. Il conte la vie de sa grand-mère et en parallèle les aléas et les petits bonheurs de sa vie privée et professionnelle.
La dernière partie sur sa vie conjugale m’a semblé moins appropriée dans le fil du roman, n’y apportant rien de plus même s’il y traite toujours des relations humaines dans l’observation desquelles il excelle.
Un roman sensible et juste, d'une agréable lecture.
Ce billet a déjà été partiellement publié dans Litté Mag' n°4