Le dernier stade de la soif - Frédérick Exley

Publié le par Plume

dernier stade soif

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                                                                         Merci pour cette opportunité !

 

 

Edition : Monsieur Toussaint Louverture

Parution : Février 2011

 

Avec mordant et poigne, Exley décrit les profonds échecs de sa vie professionnelle, sociale et sexuelle. Ses tentatives pour trouver sa place dans un monde inflexible le mènent aux quatre coins du pays, mais surtout à l'hôpital psychiatrique d'Avalon Valley. Au gré des bars, des boulots et des rencontres improbables, l'obsession d'Exley pour la gloire, les New York Giants et leur joueur star, Frank Gifford, grandit. Dans ses mémoires fictifs, en plongeant la tête la première dans ce « long malaise » qu'est sa vie, Frederick Exley transforme la dérive alcoolisée d'un marginal en une épopée renversante. Chargé en grande partie de ce qu'il appelle « des fardeaux du chagrin » et de catastrophes ordinaires, ce premier roman est un époustouflant voyage littéraire. C'est hilarant. C'est touchant. C'est à la fois Nabokov et Bukowski et Richard Yates et Thomas Bernhard.

 

 

 

Jeune marginal, Frédérick Exley raconte ses déboires, sa déchéance, ses problèmes avec  l’alcool mais aussi avec l’Amérique qui l’entoure tout en décortiquant le tout d’un regard aiguisé et cynique.

C’est un roman à la fois drôle, profond, provocant et pathétique. Une chose est sûre, on ne ressort pas indemne de cette lecture.

Sur un rythme dense et riche, cette histoire peut se lire à deux niveaux : soit comme un récit extravagant, loufoque et drôle ; soit comme une critique acerbe, mordante mais étonnamment lucide de la société américaine des années 50 cachée par un mur de faux semblants : derrière les façades blanches pimpantes,  la famille modèle, le travail et la Cadillac, se dévoilent des failles qui la fragilisent et la rendent prête pour tous les excès.

 

Face aux rêves de jeunesse de cette Amérique qui lui doit tout puisqu’elle le promet, Frédérick Exley  entraperçoit ce que devrait devenir sa vie, perdant plus de temps à la rêver qu’à la concrétiser, rongé par son incapacité à sortir du lot, à devenir le génie littéraire qu’il croyait si facile de devenir. Mais il est un jeune homme qui ne rentre pas dans les cases,  qui ne s’adapte pas au moule. Après une période d’arrogance et de mépris envers ses condisciples, il fuit les responsabilités, se noie dans l’alcool, se morfond dans ses fantasmes, s’apitoie sur lui-même jusqu’à la dérive.  L’absence de boisson le rend clairvoyant et le monde en devient insoutenable à ses yeux. Cela le mène par deux fois à l’internement d’où il observe avec morgue et lucidité sa propre déchéance ainsi que la décadence de ses contemporains.

Il est angoisse et douleur, se sachant incapable de se conformer à ce qu’on attend de lui. Il passe de l’euphorie au désespoir le plus profond, tout en ambiguïté car il est en constante opposition au monde qui l’entoure tout en souhaitant s’y intégrer. Mais devenir un simple concitoyen lui demanderait un effort  mental exorbitant. En fin de compte, l’hôpital lui est un nid plus douillet que la vie.

 

Sa seule motivation, il la trouve dans son amour pour l’équipe de football des Giants de New York et notamment au travers de Franck Gifford. Il vit une espèce de gloire par procuration, gloire que lui-même croyait atteindre avec facilité à une époque, puisque son père l’avait connue. Quand Gifford blessé, met un terme à sa carrière, Exley perd son seul soutien.

 

Si la haine, comme l’amour, peut-être libératrice, Exley sait qu’elle peut lui donner le talent d’écrire une œuvre majeure. « Je brûlai le manuscrit car j’y découvris à chaque page que je haïssais l’Amérique. »

Il se sait complètement décalé et dans une lettre à son ex compagne, il se résume ainsi : «…Sois heureuse et dis à mes fils que j’étais un ivrogne, un rêveur, un être faible, un fou, mais ne dis jamais que je ne les ai pas aimés… »

 

A 33ans, il semble enfin rentrer dans le rang, exerçant comme professeur au moment même où son héros fait un come back chez les Giants.

Mais il n’est pas fait pour l’enseignement et reprend sa route, se demandant comment trouver la force de continuer son chemin, de survivre…

 

Une lecture riche et complexe, sans doute plus masculine que féminine, qui peut ouvrir les portes à  la réflexion ainsi que sur d’abondants débats.

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