La gifle - Christos Tsiolkas
Edition : Belfond
Parution : Janvier 2011
Dans une banlieue de Melbourne, de nos jours. Par une belle fin de journée d'été, famille et amis ont organisé un barbecue : de la nourriture grecque et indienne, du vin et de la bière en quantité, de la musique et des gens de tous les âges. Alors que les enfants entament une partie de cricket, une dispute éclate qui dégénère en bagarre. C'est alors qu'Harry, un adulte, gifle un enfant de quatre ans, Hugo. Cet incident va avoir des répercussions sur un certain nombre de personnes et sur huit en particulier : Hector et Aisha, les organisateurs du barbecue ; Harry, le cousin d'Hector, l'auteur de la gifle ; Rosie, la mère d'Hugo ; Anouk, une quadragénaire qui refuse d'être mère ; Manolis, un vieil immigré grec ; Connie et Richie, deux adolescents.
Mon impression générale :
Un livre étonnant, troublant, voire dérangeant...au départ tout est simple : lorsqu'Harry gifle le petit Hugo, on prend position pour ou contre, selon son ressenti de l'évènement , ses convictions ou son éducation, à l'instar des autres protagonistes du roman. C'est basique, manichéen, noir ou blanc.
Mais au fur et à mesure du développement, chacun des huit personnages donne son point de vue, on est d'accord ou pas mais chaque argument avancé est pesé et se tient, on ne peut tout nier ou rejeter en bloc. De plus, on retrouve fatalement un petit bout de soi quelque part dans chacun d'eux et ça, c'est dérangeant ! Les gentils, ceux qui pensent comme nous, sont-ils vraiment ainsi ou bien est-ce pour cacher une blessure, une inimitié ou sauver quelque chose ? Les opposants à notre avis n'ont-ils pas des excuses ? Comment un acte tel qu'une simple gifle peut-il peser si lourd sur le cours de huit vies ?
Chacun a des intérêts à sauver comme des choses à cacher, là encore rien n'est tout blanc ou tout noir, alors comment pourraient-ils s'exprimer sans blesser personne, sans perdre quelque chose ou quelqu'un ? Impossible ! Est-ce qu'il faut, alors, se taire à tout prix ? La responsabilité du choix, ce sont les conséquences à assumer.
Chaque personnage est fouillé de fond en comble, dans ses apparences, ses liens, ses ressentis.
La société australienne est passée au peigne fin, sans concession.
On ressort de cette lecture bousculé, un peu abasourdi et c'est à chacun de répondre aux questions qu'il se pose, car l'auteur ne l'aide ni dans un sens, ni dans un autre.
Ce roman est l'illustration parfaite des incompréhensions d'une micro société et le constat n'est pas brillant ; une question vient alors à l'esprit : comment le monde pourrait-il être autrement que ce qu'il est avec toute cette violence, ce racisme, cette intolérance, cet extrêmisme à tous niveaux, cette peur de la différence, ces rapports humains si tendus, lorsqu'un incident comme celui évoqué dans ce livre prouve déjà qu'une dizaine de personnes ne peuvent arriver à un accord ?
Un livre marquant, que je recommande si on n'a pas peur d'être quelque peu secoué dans ses convictions.