La deuxième vie de Victor Hurvoas - Bertrand Latour
Edition : Le Passage
Parution : Août 2011
Victor fait partie de ces gens très énervants qui ont tout : il est professeur de médecine, il est riche, il est beau, il aime sa femme, ses enfants sont
magnifiques… Pourtant, plusieurs fois par jour, il consulte compulsivement une mystérieuse liste dans son téléphone portable : la liste des fantasmes, petits ou grands, qu’il n’a jamais osé
réaliser. Jusqu’au jour où, sans raison apparente, peut-être simplement parce qu’il fonce droit sur ses cinquante ans, il ose enfin.
Commence alors la deuxième vie de Victor Hurvoas. Servi par une écriture électrique et un sens aigu de la narration, le nouveau roman de Bertrand Latour nous entraîne, sur les traces de son
héros, dans une virée improbable du côté de l’Asie, de l’outback australien, du continent africain… où se découvriront enfin les vraies raisons de cette quête
effrénée.
Si la cinquantaine va bien à Victor Hurvoas, il se sent malgré tout devenu vieux, et ça, il a beaucoup de mal à l’accepter.
Après le décès d’une de ses patientes ; le suicide d’un collègue ; la demande de sa femme d’un 3ème enfant ; la non communication avec son fils ; le fait que sa fille ado est, selon lui, une tête à claques ; les ennuis récidivants avec un locataire et le comble, un spermogramme déficient…il décide de prendre un congé sabbatique d’une durée indéterminée.
« Victor Hurvoas n’avait plus l’âge de faire le ménage dans sa vie mais celui d’en faire le bilan, et lui, il y faisait la révolution. Le plus tôt chuterai-je, se dit-il, le plus tôt rebondirai-je, pourvu que je ne me sois pas écrasé au sol… »
Durant ce congé, c’est décidé, il fera tout ce qu’il n’a pas fait jusque là : s’acheter une moto, faire des bringues de motards avec bière et fight club ainsi que tout ce qui figure sur sa liste cachée dans son téléphone depuis bien longtemps. Il ne s’arrêtera pas à ces jeux qui ne lui apportent pas ce qu’il souhaite ou qu’il n’ose pas finaliser.
« …il avait l’impression d’être le petit dans la cour des grands. Victor venait de faire sa crise d’adolescence. Il ne s’était jamais senti aussi vieux. »
Il prendra alors le premier avion en partance pour l’Australie où il sillonne les highways sur une moto encore plus grosse que la précédente. Pour s’évader de ses pensées, il travaillera comme cueilleur de melons, de tomates et apprendra les vertus d’un travail répétitif, harassant, qui lui casse le dos. Et puis il repart encore pour des péripéties toutes plus rocambolesques et inattendues.
Tout ce temps, sa famille reste en arrière plan, son travail n’a plus d’importance et en fait, plus rien n’a d’importance.
Crise d’adolescence tardive ? Démon de midi ? Il a l’avantage d’avoir les moyens de ses caprices pour les vivre pleinement.
« Le tout n’est pas de prendre la bonne décision, encore faut-il ne jamais regretter de ne pas avoir pris la mauvaise. » Ainsi pense Victor de ses péripéties.
Un roman au rythme échevelé qui ne laisse guère au lecteur le temps de respirer. L’auteur révèle un indéniable talent de conteur et retient l’esprit du lecteur dans une aventure passionnée.
Toutefois, si le personnage de Victor m’apparaissait sympathique au début du roman, ses frasques répétées dont le but ne m’est pas apparu clairement, me l’ont rendu quelque peu décevant et m’ont plutôt lassée sur la fin.
Un roman drôle et décalé dans un univers où l’imagination et la vraie vie se percutent à chaque page, laissant par moments le lecteur pantois et assommé malgré un sujet qui, s’il n’est pas nouveau, à le mérite d’être traité avec une bonne dose d’ironie.