L'homme est un grand faisan sur terre - Herta Müller
Edition : Gallimard
Parution : Août 1997
Roumanie. Depuis que le meunier Windisch veut émigrer, il voit la fin partout dans le village. Peut-être n'a-t-il pas tort. Les chants sont tristes, on voit la mort au fond des tasses, et chacun doit faire la putain pour vivre, a fortiori pour émigrer. Windisch a beau livrer des sacs de farine, et payer, le passeport promis se fait toujours attendre. Sa fille Amélie se donne au milicien et au pasteur, dans le même but. Un jour, ils partiront par l'ornière grise et lézardée que Windisch empruntait pour rentrer du moulin. Plus tard, ils reviendront, un jour d'été, en visite, revêtus des vêtements qu'on porte à l'Ouest, de chaussures qui les mettent en déséquilibre dans l'ornière de leur village, avec des objets de l'Ouest, signe de leur réussite sociale, et, « sur la joue de Windisch, une larme de verre ».
Voici une lecture qui m'est apparue pour le moins rébarbative...je me suis accrochée pour aller au bout des 124 pages.
" Windisch est assis dans la cuisine devant la fenêtre. Il se rase. Il badigeonne la mousse blanche sur son visage. Elle crisse sur ses joues. Du bout du doigt, Windisch répartit la neige autour de sa bouche. Il regarde dans le miroir. Il voit la porte de la cuisine. Et son visage."
L'écriture d'Herta Müller - prix nobel 2009 - est minimaliste, dépourvue de fioritures, froide.
Du texte lui-même se dégage une atmosphère grise, triste et sordide.
" Puis vint la neige pour la cinquième fois. La robe de drap brun servit de manteau à Katharina."
L'histoire est plombante, parfois crue, sans espoir ni optimisme.
"Le sacristain recouvrit la boîte de terre. Par des chemins poussiéreux il gagna les champs. De loin il entendait les
arbres. Le maïs était sec. Les feuilles se cassaient partout où il passait. Il sentait la solitude de toutes ces années. Sa vie était transparente. Vide."
Peut-être la beauté de ce texte m'a-t-elle échappée, peut-être n'était-ce pas le bon moment pour moi d'aborder cette lecture, cet auteur.
Il me faudra sans doute réitérer l'expérience...dans quelques temps.
Cette lecture entre dans le cadre du challenge des "12 d'Ys", catégorie n° 3 "Nobel de littérature"
Je profite de ce billet pour remercier de tout coeur Ys. D'abord pour son investissement dans tout ce qui concerne la littérature et parce qu'ayant eu la joie de réussir la première à tenir l'engagement de ce challenge (soit 12 titres, 1 dans chacune des 12 catégories), Ys m'a fait parvenir ce très joli colis.
J'en ai été particulièrement touchée. Je suis gâtée ! Merci...