Des vies d'oiseaux - Véronique Ovaldé
Edition : L'olivier
Parution : Août 2011
On peut considérer que ce fut grâce à son mari que madame Izarra rencontra le lieutenant
Taïbo. " Car c'est lui, Gustavo Izzara, qui, revenant de vacances un soir d'octobre 1997, appelle la police pour qu'elle vienne constater que sa somptueuse villa de Villanueva avait été
cambriolée. Un vol pour le moins étrange puisqu'aucun objet n'a été dérobé et que les intrus, apparemment familiers des lieux, se sont contentés d'habiter la maison en l'absence du couple. Vida
Izzara va peu à peu sortir de son silence et dévoiler au lieutenant Taïbo la vérité : Paloma, sa fille unique de 18 ans, s'est évaporée du jour au lendemain avec Adolfo, un mystérieux
(dangereux?) jardinier, et elle la soupçonne d'être revenue - par effronterie, insolence, nostalgie ?- hanter la demeure familiale.
Les vies d'oiseaux, ce sont celles que mènent ces quatre personnages dont les trajets se croisent sans cesse. Chacun à sa
manière, par la grâce d'un nouvel amour, est conduit à se défaire de ses anciens liens - conjugaux, familiaux, sociaux - pour éprouver sa liberté d'exister. Sans plus se soucier d'où il vient ni
de là où la vie le mène.
Sous la plume chatoyante de l'auteur se déroule une histoire de quêtes : quête d'amour, quête de liberté, quête de soi-même.
Vida est une femme que Gustavo -son mari- se vante d'avoir "faite", grâce à sa situation et à son argent. Certes il l'a sortie d'Irigoy, cette bourgade quelconque et violente qui est loin de ressembler à la colline Dollars où se dresse leur villa majestueuse.
Mais quand leur fille prend la fuite, que reste-t-il à Vida ? Ses roses, ses regrets et sa solitude. Elle se retrouve face à elle-même, pathétique, presque inconsistante.
Quand le lieutenant Taïbo lui demandera de l'accompagner dans ses recherches, elle apprendra une liberté qui n'est en rien celle de l'argent.
Aimer ne signifie pas mettre en cage, même si cette dernière est dorée.
Quant à Paloma, elle prend son envol pour fuir une famille qui l'étouffe.
En aimant Adolfo, cet être qui vit en se posant ça et là au
gré de l'absence des autres, elle apprend cette autre dépendance, cette soumission douce et agréable...
"...et ne pas lui demander comment il se débrouillait pour obtenir ce genre de chose était encore une fois accepter d'être menottée, agréablement menottée, mais dépendante de la volonté et de l'amour de cet homme."
Difficile d'allier amour et liberté ; amour et indépendance. Et pourtant n'est-ce pas la quête de tout un chacun ? Se perdre dans les yeux de l'autre sans sacrifier sa personnalité ? Être deux et unis sans être une hydre à deux têtes ?
Allier dépendance et indépendance, se reposer sur une épaule sans s'y fondre totalement.
Les personnages sont touchants et justes. L'histoire est bien plus profonde qu'elle ne le laisse deviner au premier
abord.
Véronique Ovaldé possède un style particulier, une plume qui caracole et se pose sur des vies qu'elle nous conte avec simplicité et poésie, sans en oublier la profondeur d'âme dans laquelle chaque lecteur pourra reconnaître un petit morceau de lui-même.
Ayant eu la chance de rencontrer l'auteur, je peux dire qu'elle allie le sourire et la gentillesse à son talent.
J'ai choisi de publier ce billet tout spécialement aujourd'hui, en l'honneur de la journée de la femme, sur une initiative de Sophie :
Cette lecture entre également dans le challenge 1% rentrée littéraire de Hérisson