Au nord du monde - Marcel Theroux
Edition : 10/18
Parution : Novembre 2011 (Août 2010 pour la parution chez Plon)
Prix de l'Inaperçu
« Ici, dix mois par an, le climat mord la peau. Le silence règne, désormais. La ville est plus vide que le paradis."
Au nord du monde, la terre s’étend à perte de vue, anéantie par un cataclysme. Parmi les décombres, le shérif Makepeace erre. La route porte ses pas, à la recherche d’un temps qui n’existe
plus et d’une humanité à reconstruire. Ravivant à l’horizon la lueur d’une rédemption...
Un roman visionnaire et obsédant sur la beauté du monde et sa fragilité.
Avec sa forme classique et harmonieuse, son réalisme descriptif et sa vigueur dramatique, Au nord du monde explore l’humanité sans idéalisation.
Marcel Theroux a su, grâce à la fluidité et à l’aisance de son style, trouver le ton narratif qui convenait à ce roman original : il s’attarde, creuse, joue avec la puissance des mots, des
formes et des situations.
Au fin fond de la Sibérie, dans quelques années. Des colons venus entre autre d'Amérique, ont voulu réapprendre à vivre en renouant avec la nature ; en retrouvant des valeurs simples et les vertus du travail, de la terre et de la famille ; en fondant de nouvelles communautés loin des villes.
Suite à plusieurs cataclysmes et à l'arrivée de citadins affamés de plus en plus nombreux, s'ensuit le désordre, la dévastation, la fuite. Les nouvelles villes sont désertées. Makepeace veille sur la sienne depuis la ferme familiale où s'est organisée sa survie dans un monde devenu hostile.
"Chaque jour, je boucle mon ceinturon de revolvers pour aller patrouiller dans cette ville miteuse. Je fais ça depuis si longtemps que j’en ai pris le pli, comme la paume de la main qui porte un seau dans le froid. Le pire, c’est l’hiver, quand j’émerge d’un sommeil agité, que je cherche mes bottes à tâtons dans le noir. L’été, ça va mieux. L’endroit est presque ivre d’une lumière sans fin et le temps file pendant une semaine ou deux. Il n’y a pas vraiment de printemps ou d’automne dignes de ce nom. Ici, dix mois par an, le climat mord la peau. Le silence règne, désormais. La ville est plus vide que le paradis. Mais avant ça, il y a eu des moments si durs que j’accueillais presque avec gratitude une bonne vieille tuerie entre adultes consentants."
L'arrivée de Ping, malgré son piteux état, lui révèle que le monde, ailleurs, a continué son chemin. Makepeace enfourche alors son cheval pour prendre la route.
Les rebondissements se succèdent, et Makepeace n'est pas au bout de ses surprises. Les paysages traversés sont grandioses même s'ils se révèlent souvent froids et hostiles.
Malgré bien des déboires, croisant des villages affamés, des survivants devenus pire que des bêtes dangereuses, Makepeace ne perd pas espoir en un ailleurs meilleur, tant la vie est chevillée à son corps et à son âme.
L'auteur a un indéniable talent de conteur et entraîne le lecteur au fil des pages sur les traces de Makepeace. Ce futur hypothétique n'est pas sans rappeler " La route" de Cormac McCarthy mais le roman tient surtout a mettre en garde contre les catastrophes qui pourraient arriver si l'homme ne prend pas en compte certains paramètres, notamment écologiques.
Le personnage de Makepeace est sublime, tout en fougue et en puissance, loyal et positif.
Ce roman original et marquant est plein de surprises. Il se dévore d'une traite. Un ve nt d'optimisme se dégage envers et contre tout...
Cette lecture entre dans le cadre du challenge "Un mot, des titres", organisé par Calyspo.