Le secret - Frédéric Lenoir
Edition : Albin Michel
Parution : Octobre 2001 (Mai 2005 pour Le Livre de Poche)
« Emilie fut la seule à remarquer que son fils avait dans le regard quelque chose de nouveau, d'indéchiffrable, une lumière impalpable qui lui rappelait ce bonheur intérieur qu'elle-même
ressentait lorsqu'elle allait visiter son propre secret. Elle sut que Pierre taisait l'essentiel, mais elle resta silencieuse. »
Que s'est-il donc passé dans la vieille vigne abandonnée où l'on a retrouvé Pierre Morin inanimé après deux jours d'absence ? Dans le village, tous s'interrogent, se passionnent, et cherchent
à percer à tout prix son secret.
Avec ce récit captivant d'un genre tout à fait nouveau, aux frontières du conte philosophique et du roman à suspense, Frédéric Lenoir nous offre une parabole sur les choix et les valeurs
essentielles de notre existence.
Dans ce roman émouvant, l’auteur nous emmène à la limite du conte philosophique.
Nous sommes pourtant bien dans le terre à terre, au cœur du terroir où Pierre est un jeune garçon un peu hors norme. Bien sûr, vivant à la campagne, il est normal qu’il soit proche des animaux. Chez lui, cela est exacerbé. Il trouve dans son observation avide et constante de la nature et des êtres vivants qui la composent bien plus d’agréments que dans la vie de ses congénères. Pour lui la nature est l’essence même de la vie, de sa vie.
Vite mis au ban par ses copains qui le moquent car ils ne le comprennent pas, il se ressource en observant une fourmilière, en se couchant dans l’herbe ou encore en dormant à la belle étoile.
Il vit seul avec sa mère qui elle, saisit sa différence et sa nature heureuse. Un soir il fait une découverte qui lui rend le regard lumineux et pétillant. Il la garde au coin de son cœur, sachant par expérience combien en parler le rendrait encore plus vulnérable aux railleries.
Pauvre mais subvenant à ses besoins, il ne comprend pas la folie de l’argent qui s’empare petit à petit des personnes de son village, le goût du toujours plus qui les fait passer à côté de tout, qui les fait convoiter les biens d’autrui, les rend jaloux et désagréables.
« Il craignait que l’homme n’en vienne progressivement à ne plus savoir savourer les plaisirs humbles et profonds de l’existence pour devenir un perpétuel insatisfait, toujours en quête de nouvelles possessions. »
Lorsque quelques années plus tard, suite à un héritage, il troc ses biens contre une vieille vigne, les habitants du village y voit anguille sous roche. Les langues vont bon train, on le dit fou ou au contraire assez intelligent pour que son secret soit la découverte d’un trésor inestimable…
Le secret de Pierre est en effet inestimable, à ses yeux, mais qui peut le croire et encore mieux pénétrer dans son cœur, dans son âme ?
Un roman sur la nature humaine qui peut se révéler vile et bien avide…
Hommage à la simplicité et au retour à des valeurs essentielles et oubliées, il peut paraître un peu simpliste, l’histoire un peu convenue ou tout au moins déjà vue.
Un bon moment de lecture malgré tout, court et agréable.
Livre lu dans le cadre du challenge « Un mot, des titres » proposé par Calypso.