Le remplaçant - Agnès Desarthe

Publié le par Plume

remplacant.jpgEdition : L'olivier

Parution : Avril 2009 ( Avril 2010 pour Points)

 

C’est un livre qui en remplace un autre sur un homme qui en remplace un autre. Agnès Desarthe comptait écrire sur Janusz Korczak, l’héroïque médecin de Pologne qui prit soin tant qu’il le put des enfants du ghetto de Varsovie. Mais c’est un autre personnage, issu, lui, de l’histoire intime de la romancière qui s’imposa sur la page : Boris, dit Bouz, dit aussi Baruch, disons pour faire simple B BB, son grand-père. Ou plutôt celui qui épousa sa grand-mère après que son premier mari et père de ses enfants fut mort en déportation. Un remplaçant qui « avait le bon goût de n’être pas à la hauteur du disparu », un homme modeste, presqu’un peu médiocre, qui ne fit jamais grand bruit et qu’on n’écoutait qu’à peine quand il s’exprimait. Un homme qui pourtant, s’offrit en père et grand-père de substitution, avec l’évidente étoffe de la douceur. Sublime évocation d’un illustre inconnu à la bonté discrète mais vaste, Le remplaçant parle de ceux qui adoptent les orphelins sans revendiquer la place des pères et comblent les dettes dont l’histoire crible les destins des familles.

 

 

 

 

 

Ce court roman est un double hommage.

 

D’abord éloge d’un faux grand-père qui a su conquérir le cœur d’une grand-mère  dont le mari n’est jamais revenu des camps. Mais qui outre cet amour là, en bon remplaçant,  a employé sa vie à aimer les enfants puis les petits enfants  d’un autre, en vrai papa, en vrai papy.

La narratrice est une jeune femme (l'auteur) qui se remémore son passé et nous raconte cet homme qui l’a beaucoup marquée dans son enfance, ce juif roumain ? russe ? En tout cas immigré slave…

Dans ses évocations enfantines intérieures, elle brode beaucoup sur ce qu’elle ne connait pas ou a peur de connaître.

Beaucoup de tendresse dans cette évocation, pas de larmes,  rien d’inutile même si on aurait peut-être parfois souhaité avoir le point de vue de ce papy ou des réponses aux questions qu’elle ne lui pose pas.

 

 « Triple B vit encore…Il a survécu à la guerre, aux camps de prisonniers, à la dépression, à la maladie, à ses deux femmes, à ses amis. Son talent, c’est ça, survivre, aimer ça, oser aimer vivre. »


Puis, dans la seconde partie du récit, l’auteur rend hommage à un autre homme : Janusz Korczak. Pédiatre qui a sauvé des orphelins du ghetto de Varsovie.


« Triple B a fait office de grand-père pour des petits enfants qui n’étaient pas les siens, Janusz Korczak a servi de substitut parental à des milliers d’orphelins. Ils furent tous deux des remplaçants.»


 Elle explique comment au départ elle souhaitait consacrer entièrement ce récit à ce médecin héroïque et comment elle s’est retrouvée à faire l’éloge de son faux grand-père, comment lui est venu ce parallèle entre les deux hommes.


« Je voulais écrire sur un homme exemplaire, et voilà que je m’attache à un exemplaire d’homme. »


Un joli texte minimaliste, pudique et simple.

Publié dans Lectures

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