Le dîner - Herman Koch
Edition : Belfond
Parution : Mai 2011
Alliance détonante d'une comédie de moeurs à l'humour ravageur et d'un roman noir à la tension implacable, Le Dîner dresse le portrait de notre société en pleine crise morale. Deux frères se donnent rendez-vous avec leurs épouses dans un restaurant branché d'Amsterdam. Hors-d'oeuvre : le maître d'hôtel s'affaire. Plat principal : on parle de tout, des films à l'affiche, des vacances en Dordogne. Dessert : on évite soigneusement le véritable enjeu du dîner, les enfants. Car leurs fils respectifs ont commis un acte d'une violence inouïe. Un café, un digestif, l'addition. Reste la question : jusqu'où irions-nous pour préserver nos enfants ?
Voilà encore un livre qui ne laisse pas indemne… ne passez pas votre chemin à cause de cette couverture qui n’a rien d’attirante (quelle idée ce homard sur fond bleu azur ?)
Quelque chose travaille nos deux couples et c’est à cette fin qu’ils ont décidé de partager ce repas. On a appris par quelques flashbacks un peu de leur passé et après avoir tourné autour du sujet, d’un coup, Paul nous lance ce qui les gratouille. Car me direz-vous, pour évoquer cela pendant un dîner dans un restaurant chic, ça ne doit quand même pas être bien méchant…
Grave erreur !!! Car leurs fils respectifs ont commis un acte répréhensible d’une gravité et d’une violence incroyable.
On ne parle pas là de jeunes élevés dans des banlieues et livrés à eux-mêmes mais bien de jeunes ados éduqués, issus de la bonne société, nés dans des familles cultivées.
Et si on en discutait entre poire et fromage, se disent-ils ? Ils en parleront au dessert, c’est décidé. Avant on parlera cinéma, vacances, même si le cœur n’y est pas vraiment.
Personnellement, ça m’aurait plus que coupé l’appétit.
Certes ils sont tous les quatre un peu perturbés et sur les nerfs, comme le prouvent leurs attitudes, leurs réactions à fleur de peau, leurs yeux rouges ou leurs tics ainsi que leurs petits mensonges de couples, leurs omissions ou leurs décisions que l’on découvre au fur et à mesure.
En fin de compte nous comprendrons que ce qui les dérange le plus, ce n’est pas les actes en eux-mêmes, mais le fait que leurs enfants soient découverts et que cela compromette gravement leur avenir, pauvres petits !
Comment, alors, ne pas se poser des questions de cet ordre :
Quand il s’agit de protéger l’avenir de ses enfants, quel est le poids de la morale, de l’éthique, du mensonge ? Jusqu’où serions-nous prêts à aller nous même ? Quelle est notre part de responsabilité dans leurs actes ? Et l’éducation dans tout ça ?
Comment peut-on minimiser les faits, les actes extrêmement graves et chercher des excuses à une telle violence ? D’autant plus que tout porte à croire que « l’incident » n’était pas un acte isolé puisque Paul a trouvé au moins une autre vidéo dans le portable de son fils…ce dont personne, du reste, ne parlera.
A la fin de ce dîner, le personnage qui paraît le plus abjecte n’est pas forcément celui sur lequel on aurait parié au départ.
La fin est tout simplement incroyable, pour ne pas dire innommable mais réaliste…
Une fois ce livre refermé, je n’ai pu que penser à « la gifle » de C .Tsolkias, humour caustique et écriture en plus, vulgarité en moins, mais tout aussi dérangeant, ouvrant sur des digressions et des débats plus que nécessaires : indispensables !
A lire absolument !
Lire l'avis d'Ys sur ce livre.