L'Ensorcelée - Jules Barbey D'Aurevilly
Edition : Folio Gallimard
Parution : Janvier 1977 (pour cette version)
Les lendemains de la Chouannerie. Dans une atmosphère de campagne barbare où interviennent des pâtres jeteurs de sorts et des vieilles femmes hantées par le souvenir de leurs débauches, Jeanne Le Hardouey, une aristocrate claudélienne mésalliée d'âme et de corps à un acquéreur de biens nationaux, est «ensorcelée» par un prêtre, l'abbé de La Croix-Jugan qui a tenté de se suicider par désespoir de la cause perdue et dont le visage monstrueux porte la trace des tortures que lui ont fait subir les Bleus. «J'ai tâché, disait Barbey, de faire du Shakespeare dans un fossé du Contentin.»On trouvera Jeanne noyée dans un lavoir et Jéhoël de La Croix-Jugan sera tué d'une balle inconnue au moment où, relevé d'interdit, il célèbre sa première messe dans l'église de Blanchelande. Au lecteur de découvrir le meurtrier.
Qu'il est bon de temps à autres de replonger dans un classique, car quel roman que cette "Ensorcelée" !
Une histoire d'amour qui se déroule au rythme et avec l'intrigue d'un bon polar ; un brin de mystérieux, de légende et de superstition ; un fond d'Histoire... Tout y est.
Sans parler d'une langue que l'on ne maîtrise plus ainsi, de personnages si bien décrits que le lecteur les côtoie et les connaît dans leurs moindres détails de caractère comme de physique.
Captivant de bout en bout, parcourant la campagne profonde, n'oubliant rien du côté politique entre "les bleus" et "les chouans"
pointant du doigt les animosités toujours très ancrées dans les coeurs et les esprits malgré la fin officielle des évènements.
Extrait : "Quant à Jeanne, elle n'était plus pâle. Sur sa pâleur sortaient de partout des taches rouges, un semis de plaques ardentes, comme si la vie, un instant refoulée au coeur, revenait frapper contre sa cloison de chair avec furie. A chaque mot, à chaque geste de l'abbé, apparaissent ces taches effrayantes. Il y en avait sur le front, aux joues. Plusieurs se montraient déjà sur le cou et sur la poitrine, et c'était à croire, à tous ces désordres de teint, que maître Tainnebouy avait raison avec sa grossière physiologie, et qu'elle avait le sang tourné !"
La lecture de ce titre entre dans le cadre du challenge des "12 d'Ys", catégorie n°5 "Classiques français".
Mes autres lectures pour ce challenge : ici.